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Libération

«Décider comme ça de son avenir, c'est dur»

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Dans ce bureau de vote de Bagneux, l'inquiétude domine.
publié le 10 janvier 2003 à 21h44

Devant les deux piles de bulletins «oui» et «non», il hésite. Cet agent EDF de Bagneux finira par prendre les deux, et choisira le «non». Sans conviction : «Décider comme ça de son avenir, voire de l'avenir de son entreprise, c'est dur. En disant non, j'ai l'impression de limiter les risques.» Dans ce bureau de vote, installé dans un centre clientèle à Bagneux (Hauts-de-Seine), les participants sont nombreux et assez motivés. Des jeunes embauchés grâce aux 35 heures, des agents plus âgés, des retraités, «inactifs» dans le jargon EDF, qui bravent le froid pour voter dans l'urne qui leur est réservée. Le débat se poursuit devant les deux isoloirs, entre représentants des syndicats CGT et CFDT et votants. Personne ne semble se décider le coeur léger, trop d'ombres flottent sur le scrutin et l'avenir de l'entreprise publique.

Entre deux tournées. «Les gens risquent de voter "non" pour d'autres motifs que les retraites, dit une élue CFDT responsable du secteur de Bagneux, Arcueil et Sceaux. «Le non, c'est aussi l'expression de la difficulté de tous les jours, des conditions de travail qui se dégradent.» Ces cinq jeunes-là illustrent le mal-être qui dépasse le problème des pensions. Anorak bleu, pull à liseré rouge, les outils pour réparer et relever les compteurs à la ceinture, ils sont venus entre deux tournées chez des clients. Ils sont entrés dans l'entreprise à l'occasion de la réduction du temps de travail, avec une formation en électricité. Hier matin, ils ont plutôt penché