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Paternité: le congé payant

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Un an après sa mise en place, le congé paternité est entré dans les moeurs. En 2002, 40 % des nouveaux pères en ont profité. L'occasion de repenser l'équilibre famille-travail.
publié le 13 janvier 2003 à 21h47

Il y a trente ans, quand un homme devenait père, il ne s'attardait guère au pied du berceau. Ces trois jours de congé écoulés, il repartait travailler. Puis voyait peu son enfant, souvent couché quand il rentrait le soir. «C'est exactement ce que je n'aimerais pas vivre», explique Hervé, jeune cadre. En instaurant en janvier 2002 un congé paternité (11 jours ajoutés aux trois légaux), le gouvernement Jospin a sans doute réussi une de ses mesures les plus populaires. En un an, près de 300 000 pères ont pris ce congé, soit environ 40 % des hommes ayant eu un enfant en 2002, selon une estimation de la Sécurité sociale qui ne prend pas en compte les fonctionnaires et les professions libérales (1). Un résultat honorable alors qu'il n'y a pas eu de campagne de communication et qu'on ne sait pas le degré d'information de la population.

A peine lancé, le congé paternité est donc entré dans les moeurs, sans avoir à apprivoiser les hommes. «Cette mesure est arrivée à point nommé dans l'évolution des mentalités, estime la psychanalyste Sylviane Giampino (lire p. 3). Les pères sont dans le désir de prendre une place auprès de leur jeune enfant, les femmes dans la volonté de la leur donner.»

Les entreprises, elles, se sont montrées plutôt conciliantes. Contrairement aux 35 heures qui ont déclenché une opposition virulente, elles ont accordé assez facilement ce congé. D'abord, c'est pour la bonne cause ­ à leurs yeux, la famille reste une valeur essentielle ­, ensuite, cela fait plaisir aux