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Libération

Voyage attrape-couillons pour meilleur vendeur

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publié le 13 janvier 2003 à 21h47

Michel est commercial dans une société d'assurance. Tous les ans, son groupe organise un concours du meilleur vendeur. Un cadeau empoisonné.

«Le but, c'est de nous motiver, nous, les vendeurs. Celui qui arrive à placer le plus de contrats d'assurance-vie ou de contrat multirisques, dont les gens n'ont la plupart du temps pas besoin, gagne un voyage. Sur des petits concours, on peut gagner une prime, mais là, si on gagne celui-ci, c'est le tableau d'honneur, le gros lot. Cette année, les trois premiers vendeurs sur la France vont partir en Chine pendant une semaine, tous frais payés, dans de bons hôtels. Le genre de truc que personne n'ose s'offrir, parce que la plupart d'entre nous, même si éventuellement on en a les moyens, préfère partir en famille l'été au bord de la mer.

«Le prix est alléchant, mais à y regarder de plus près, le cadeau est empoisonné : on part seul, les compagnons ne sont pas invités. Car c'est un voyage pour commerciaux, l'objectif est de ressouder les liens et remotiver les troupes. Cela ne donne pas envie de gagner. Le séminaire de motivation, on est déjà obligé d'y assister une fois par an, dans un hôtel Mercure en banlieue parisienne. Alors l'idée d'en reprendre une couche aux antipodes, avec la crème des vendeurs, c'est assez déplaisant. L'an passé, ils sont partis au Brésil. Entre deux visites, la direction a assommé les gagnants avec des présentations du marché de l'assurance individuelle, la sociologie de nos clients... Et des perspectives sur le