Buenos Aires, de notre correspondant.
Un «printemps économique». C'est l'expression que le président Duhalde martèle durant ses déplacements à travers l'Argentine. A l'entendre, le pays vivrait sa première embellie depuis des années de crise sans précédent. A l'appui de sa démonstration, contre l'idée dominante d'un pays qui continue de s'enfoncer dans le marasme : une balance commerciale excédentaire et un chômage en baisse.
A trois mois de l'élection présidentielle, Duhalde fait surtout l'impossible pour convaincre les Argentins que la crise est passée, quitte à tordre la réalité et l'interprétation des chiffres. La balance commerciale, d'abord. En 2001, elle s'est montrée florissante avec un excédent de 6 milliards de dollars. Or, le chiffre ne traduit pas tant une hausse des exportations qu'un effondrement des importations. 40 % d'entre elles ont été remplacées par des produits locaux. Eduardo Duhalde ne cesse d'encourager les habitants à acheter les productions nationales. Les feux d'artifice ? Plus question de les importer de Chine, plaide le gouvernement. Les meubles de jardin ? L'eucalyptus argentin doit remplacer le teck asiatique.
Inflation. Cette économie de substitution ne cesse de s'étendre. En novembre 2002 (dernières statistiques connues), les importations ont encore baissé de 39 % alors que les exportations augmentaient de 3 %. Pour être encourageants, ces résultats n'en sont pas moins le signe d'une économie en récession. Avec un peso qui s'est dévalué de 33 %