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Libération

Le trompe-l'oeil du printemps argentin

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Le président Duhalde vante une embellie inexistante.
publié le 15 janvier 2003 à 21h49

Buenos Aires, de notre correspondant.

Un «printemps économique». C'est l'expression que le président Duhalde martèle durant ses déplacements à travers l'Argentine. A l'entendre, le pays vivrait sa première embellie depuis des années de crise sans précédent. A l'appui de sa démonstration, contre l'idée dominante d'un pays qui continue de s'enfoncer dans le marasme : une balance commerciale excédentaire et un chômage en baisse.

A trois mois de l'élection présidentielle, Duhalde fait surtout l'impossible pour convaincre les Argentins que la crise est passée, quitte à tordre la réalité et l'interprétation des chiffres. La balance commerciale, d'abord. En 2001, elle s'est montrée florissante avec un excédent de 6 milliards de dollars. Or, le chiffre ne traduit pas tant une hausse des exportations qu'un effondrement des importations. 40 % d'entre elles ont été remplacées par des produits locaux. Eduardo Duhalde ne cesse d'encourager les habitants à acheter les productions nationales. Les feux d'artifice ? Plus question de les importer de Chine, plaide le gouvernement. Les meubles de jardin ? L'eucalyptus argentin doit remplacer le teck asiatique.

Inflation. Cette économie de substitution ne cesse de s'étendre. En novembre 2002 (dernières statistiques connues), les importations ont encore baissé de 39 % alors que les exportations augmentaient de 3 %. Pour être encourageants, ces résultats n'en sont pas moins le signe d'une économie en récession. Avec un peso qui s'est dévalué de 33 %