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Libération

Un labo chinois sort son «cocktail» antisida

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Une société privée va produire un traitement dix fois moins cher que ceux importés.
publié le 18 janvier 2003 à 21h53

Shanghai envoyé spécial

Les médicaments antisida «made in China» vont bientôt faire leur apparition sur le marché chinois, mais pas dans des conditions qui permettront à l'immense majorité des malades d'y accéder. Li Jinliang, le jeune PDG de Desano, une société pharmaceutique chinoise privée, fait lui-même visiter à Libération son usine toute neuve du quartier de Pudong, à Shanghai, où des ouvriers sont en train d'installer les unités de production des composants des trithérapies antisida. Le «cocktail» produit par son entreprise sera disponible fin janvier, mais Li Jinliang précise aussitôt, pour dissiper toute attente irréaliste, que seuls 1,5 % environ du million de Chinois officiellement contaminés par le virus VIH y auront accès. La production initiale sera de 20 000 doses, mais la capacité de production installée pourrait, selon le PDG, toucher 500 000 patients.

Abandon. Le traitement de Desano coûtera «entre 3 000 et 5 000 yuans» (entre 375 et 625 euros) par an, soit dix fois moins que les produits importés, mais toujours hors de portée de la plupart des malades, en particulier les centaines de milliers de paysans pauvres de la province du Henan, dans le centre de la Chine, contaminés en vendant leur sang dans les années 90. Selon certains médecins, le gouvernement envisagerait de distribuer gratuitement le «cocktail» de Desano dans le Henan. Mais, jusqu'ici, les villages sinistrés, auxquels ni la presse, ni les humanitaires étrangers n'ont accès, restent privés de soi