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Libération

A Kehl, les Strasbourgeois écument les rayons

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Le chiffre d'affaires commercial de la ville allemande a bondi de 30%.
publié le 21 janvier 2003 à 21h55

Kehl (Allemagne) envoyée spéciale

Le monsieur campe avec son téléphone portable devant le rayon «produits ménagers» du supermarché Lidl de Kehl (Allemagne). Sa femme est restée à Strasbourg (Bas-Rhin), à quelques centaines de mètres de là, et le couple commente, à distance, le prix d'un détergent liquide : «Oui, 1,79 euro, pour un litre et demi de produit. Je prends ?» Il prend. Dans le panier, le flacon rejoint la lessive.

Sur le parking du supermarché, la moitié des voitures est immatriculée en Alsace. Il suffit de franchir le Rhin pour économiser près de 2 euros sur la lessive premier prix ou 1,40 euro sur les dix lames de rasoir Gillette. Et depuis que l'euro circule dans les deux pays, ça se voit : plus besoin de convertir les marks en francs et d'intégrer les commissions bancaires pour calculer le juste coût des produits. Plus besoin de s'arrêter au bureau de change le plus proche ; finis les reliquats de monnaie dont on n'arrive jamais à se débarrasser

«Pour le chocolat.» Du coup, les passages de frontière pour faire ses courses sont devenus plus fréquents. Avant l'euro, l'Allemagne vivait sur sa réputation : les Français venaient y acheter leur essence (mais c'était il y a longtemps), leur matériel photographique et leurs bananes. Mais ne prenaient pas la peine de comparer le prix du paquet de spaghettis (avantage : Kehl) ou des épinards Bonduelle (avantage : Strasbourg). La monnaie unique européenne a changé les habitudes «dès le mois de janvier 2002», assure Martine M