Greenpeace préfère la mer à la montagne. L'ONG sera omniprésente au sommet de Porto Alegre, à deux pas de l'Atlantique sud. Elle enverra une délégation de 30 personnes, emmenée par son directeur exécutif, Gert Leipold. Et elle boude, désormais, la station de ski de Davos. A l'image de toutes les ONG ou presque. Certaines associations ou agences onusiennes succombent encore aux «charmes» de la Suisse, histoire de glaner des financements. Pas Greenpeace : son indépendance est garantie par 100 % de dons privés, et sans le moindre euro venu d'entreprises. C'est donc libéré des contingences économiques que l'ONG met le cap sur un nouveau monde pour elle : la contestation de la mondialisation.
Pré carré dépassé. A l'instar d'Amnesty, Greenpeace a opéré sa mue. En douceur. «La mondialisation tend à concentrer les pouvoirs sur un nombre réduit d'acteurs, dit Gerd Leipold. Cela ne fait qu'aggraver la prédation des ressources et l'asservissement des plus démunis.» Ainsi, l'association est-elle passée d'un pré carré d'où, jadis, selon un militant belge, «on parlait uniquement des petites bêtes et des arbres», à un vaste territoire «où on parle aussi du Sud, du FMI, du G8». Le virage s'est négocié l'année de ses 30 ans. A Doha, au Qatar, lors du sommet de l'OMC de 2001. Dans le désert contestataire, Greenpeace et le Rainbow Warrior avaient débarqué en force. Gerd Leipold reconnaissait alors : «On a mis du temps à comprendre qu'on ne pouvait plus travailler seul dans notre coin.»
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