Derrière les états d'âme des analystes de marché se cache un problème de taille touchant la pensée économique : comment continuer à croire en «l'efficience des marchés» alors que, avec le déclenchement puis l'éclatement de la bulle Internet, les Bourses se sont comportées de manière totalement irrationnelle ? Depuis plus de vingt ans, les marchés financiers se sont imposés un peu partout dans les pays riches sur l'idée avancée par des économistes libéraux qu'ils reflètent à tout instant la santé des entreprises et l'état de l'économie. Mieux: les marchés contribueraient au développement économique. Aujourd'hui, au contraire, les marchés semblent s'enfoncer durablement dans l'irrationalité et décrocher de la réalité économique. De la faillite de la nouvelle économie à la crise argentine, les événements qui démontent les croyances sur la rationalité des marchés sont légion.
«Doigt mouillé». Certains chercheurs n'hésitent plus à remettre en cause la croyance selon laquelle «le marché a toujours raison», à l'instar d'André Orléan, directeur de recherche au CNRS. Ce dernier développe une théorie plus sociologique qui prend en compte les comportements mimétiques des investisseurs et décrit un marché qui est à lui-même sa propre référence.
Ainsi, alors qu'un théoricien classique pense que le prix d'une action reflète la valeur de l'entreprise, ou de ses profits futurs, Orléan estime qu'elle dépend avant tout de l'opinion du marché. «Les analystes, qui disent réfléchir en terme de