Menu
Libération

Les trois vies d'Henri Krasucki

Article réservé aux abonnés
Syndicaliste, communiste, résistant, l'ex-dirigeant de la CGT est mort à 78 ans.
publié le 25 janvier 2003 à 21h59

«C'était un militant, du début à la fin de sa vie.» Henri Malberg, conseiller com muniste de Paris est allé au plus court. Effectivement, Henri Krasucki, ancien secrétaire général de la CGT, décédé vendredi des suites d'un cancer, était un militant comme on n'en fait plus : communiste et résistant à 16 ans, déporté à 18 ans. De retour des camps, un bref passage en usine, chez Hispano-Suiza, le temps d'acquérir un CAP de métallo. Puis, très vite, permanent de la CGT ou du PC jusqu'à l'âge de 67 ans. Depuis l'union locale CGT du XXe arrondissement en 1947, jusqu'au bureau confédéral en 1966, il a grimpé tous les échelons de la centrale syndicale. Son parcours au Parti est tout aussi rapide : au comité central du PCF dès le milieu des années 50, au bureau politique en 1964. Pour cela il faut avoir avalé beaucoup de couleuvres : le tournant de 1948, la lutte contre le titisme, les procès de Prague et de Budapest à forte charge antisémite, le «rapport attribué au camarade Khrouchtchev»... «Bouclettes» ­ comme on le surnomme pour moquer une calvitie précoce ­ accepte tout. Et même davantage, puisqu'il ne répugne pas à faire taire lui-même les opposants.

Popularité. C'est un militant professionnel tellement sûr que beaucoup voyaient en lui le successeur de Benoît Frachon, le patron vieillissant de la CGT depuis l'avant-guerre. Mais Georges Séguy, de deux ans son cadet, va lui souffler la place. Le congrès de la CGT a lieu au lendemain de la Guerre des Six jours, en 1967. Benoît Frac