Davos, envoyé spécial.
Image improbable. Ils sont presque tous là. Il y a le président des Unions bancaires suisses, un senior partner d'EADS North America, un directeur de KPMG... Ils sont presque une centaine à s'être installés au premier rang de la grande salle du centre des congrès de Davos. Ils attendent l'arrivée de Lula. Certains avouent leur curiosité. «Oui, nous sommes curieux de connaître les intentions de celui qui vient du plus profond du Nordeste brésilien», confie Paul Laudicina, d'A.T. Kearney. Il explique, très sérieusement, qu'il fait du global management consulting, avant d'ajouter qu'il est «fasciné par ce type, cet ancien métallo, qui semble s'être échappé tout droit d'un roman de Zola».
«Mur de la faim». La salle est désormais pleine à craquer. Bousculade au premier rang. Le cortège brésilien déboule soudainement. Paul Laudicina se précipite pour voir Lula de plus près. Trop tard. Le visage barbu et avenant du tout nouveau président du Brésil, Luis Inacio Lula da Silva, apparaît sur les écrans géants. De ces représentants du gotha planétaire de l'industrie et de la finance surgit une pluie d'applaudissements. On salue debout celui qui fut autrefois méprisé par les élites économiques de son pays. Lula sourit, prend le micro et commence à parler en portugais. D'une voix posée et assurée, le personnage mythique de la vie politique brésilienne, celui qui n'a pas terminé l'école secondaire, ne s'embarrasse pas des longues formules de politesses consacrées. «Il