Solange, 38 ans, codirectrice de la filiale interactive d'un grand groupe financier, victime de harcèlement moral.
«Les soucis ont commencé peu après avoir été nommée codirectrice de la filiale interactive du groupe dans lequel je travaille depuis dix ans. Je dis les "soucis", il faudrait dire la guerre, car le collègue que j'ai rejoint dans cette filiale avait sans doute dès le début dessiné son plan : m'abattre. Pour rester seul maître à bord, il était prêt à tout, y compris fouiller dans ma vie privée... Moi, j'arrivais confiante, contente de cette promotion, enthousiaste à l'idée de participer avec lui à cette montée en puissance des services via le Net...
«C'est sans doute parce que j'étais au même niveau hiérarchique que lui qu'il n'a jamais utilisé l'affrontement direct, préférant se servir des autres pour exécuter son plan. Dans ses rapports avec moi, il est resté jusqu'au bout dans les limites de la cordialité distante. Très vite, j'ai senti que cela clochait. Y compris avec les gens que je connaissais depuis longtemps. Les conversations s'arrêtaient quand j'arrivais. Certains collègues continuaient à m'embrasser, visiblement gênés. Ou bien se précipitaient dans leur bureau, prétextant un appel urgent. Au cours de ces conversations que nous avions d'ordinaire au déjeuner, durant les pauses, ou dans les "antichambres" des salles de réunion, on m'évitait, on ne répondait plus à mes questions. De la part de mes plus proches collaborateurs, plus de "bonjour, ma grande", g