Jusque-là, on ne les avait pas beaucoup entendus. Les opposants à la privatisation d'EDF et de GDF, à l'intérieur de l'entreprise, se taisaient, attendant la fin de la négociation sur les retraites. Depuis la victoire du non au référendum du 9 janvier, les inhibitions sont tombées. D'autant que le gouvernement a décidé de ne pas tenir compte du résultat du vote. Et a annoncé, dans la foulée, une réforme prochaine du statut des deux entreprises, véritable prélude à l'ouverture du capital.
«Résistants». Aujourd'hui, les appels à la lutte contre le passage dans le privé se multiplient. Ils prennent une forme inédite. Des pétitions et des études critiques sur la privatisation circulent et sont discutées dans les couloirs. Les opposants se retrouvent sur le forum d'un site Internet, Résistances électriques et gazières (REG), créé par de hauts responsables, qui veulent rester anonymes (1). L'idée de ces «résistants» est d'aller chercher des soutiens en dehors de l'entreprise, pour con vaincre l'opinion que la privatisation dépasse les enjeux purement corporatistes. Tout cela se passe souvent en dehors de la voix officielle des syndicats, dont le premier d'entre eux, la CGT, est ressorti très divisé des négociations sur les retraites. Du côté de la direction d'EDF, on affirme regarder cette agitation de très loin. «Je n'ai qu'un problème de fonds propres à résoudre», affirme François Roussely quand on lui parle de privatisation. Le PDG d'EDF y voit un débat «interne à l'entreprise».