Berlin de notre correspondante
Ils sont jeunes, diplômés, déjà expérimentés et encore dynamiques. A priori, ils ont vraiment tout pour plaire à un employeur. Et ils sont au chômage. «J'ai essayé de repousser ce moment le plus longtemps possible», raconte Arnd, 37 ans, six années d'études d'économie et d'histoire de l'art, sept années d'expérience professionnelle... et puis plus rien, ou seulement des petits contrats de moins en moins lucratifs. «Ça fait bientôt deux ans que je bouffe mes économies à essayer de travailler en indépendant. Demain, c'est décidé, je me déclare au chômage.»
Cinquante lettres. En Allemagne, comme ailleurs en Europe, avoir une formation ou mieux, un diplôme, demeure encore la meilleure des assurances chômage. Parmi les diplômés, le taux de chômage reste de 5 % à peine, contre 10,3 % en moyenne nationale. Mais l'un des phénomènes les plus frappants dans l'évolution de ces derniers mois est la vitesse à laquelle ce chômage des diplômés augmente soudain : +26 % en 2002 (contre +5,3 % en moyenne nationale). «Ces derniers mois, j'ai bien envoyé quarante ou cinquante lettres de candidature, raconte Arnd, qui affiche un CV assez impressionnant d'ancien directeur marketing à la Deutsche Bahn ou chez Daimler-Chrysler. Souvent, on me reçoit pour un entretien, et alors je tombe sur des cadres qui ont l'air encore plus déprimés que moi. Ils me racontent qu'ils rêvent d'ouvrir un bistrot ou qu'ils m'envient d'être indépendant ! Dans leurs entreprises, ils ont pied