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Libération

A Calais, des ouvriers accrochés au biscuit

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Ils veulent reprendre l'usine LU condamnée par Danone.
publié le 12 février 2003 à 22h12

Calais, envoyée spéciale.

Au chocolat, à la vanille ou à la noisette, il fabrique depuis trente-trois ans des biscuits LU, propriété du groupe Danone. Chaque jour, il passe la grille de l'usine le «coeur joyeux». «Ça doit les gêner de licencier quelqu'un d'heureux. J'adore faire des biscuits», dit André Van Audenhove. A 51 ans, cet ouvrier hautement qualifié fait partie des 70 irréductibles qui refusent toute offre de reclassement proposée par Danone. L'usine de Calais doit fermer fin mars, en avance de trois mois sur le calendrier initial. Sur les 240 salariés, ils sont encore 130 à pointer tous les jours. Les lignes de production ne tournent plus qu'avec un four et demi de cuisson (au lieu des sept).

«On est des rebelles, rigole Christian, ouvrier entré il y a vingt-quatre ans. Je n'accepte pas la fermeture d'une usine rentable.» Le projet d'une reprise de l'outil de production par les salariés le fait un peu rêver. «Allez voir les guerriers. Ils vont vous raconter.» Les guerriers, c'est la CGT, qui règne en maître à Calais. Depuis quelques semaines, le syndicat planche sur un projet de coopérative : la centaine de salariés reprendrait l'usine et ses machines, et continuerait à produire du biscuit. Cette irruption ouvrière ne plaît guère à Danone. Depuis l'annonce de la restructuration de sa branche il y a deux ans, le groupe a pour ambition de faire un plan social modèle. A coup de millions d'euros, il a promis de reclasser chacun des 794 salariés licenciés en France et de