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Libération
Interview

«Le temps est à l'usine jetable.»

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publié le 12 février 2003 à 22h12

Jean-Pierre Aubert est responsable interministériel chargé des restructurations dans le secteur de la défense. Auteur d'un rapport commandé par Lionel Jospin en 2000 sur les mutations industrielles remis à Jean-Pierre Raffarin à l'automne, il revient sur la difficulté de «réindustrialiser» un site.

Quels enseignements avez-vous tirés de deux années de travail sur votre rapport ?

On ne peut pas continuer à organiser les reconversions comme dans les années 80, quand il a fallu traiter des fermetures dans la sidérurgie. La boîte à outils dont on dispose date de 30 ans. Il faut aussi revoir les conditions d'intervention des autorités publiques, pour éviter d'envoyer à chaque crise un pompier de service. Mais les choses bougent. Pour la deuxième fois, cette année, nous avons réussi à monter un séminaire interministériel consacré aux restructurations, avec des représentants de l'Education, de l'Emploi, de l'Intérieur. Il a fallu près de cinq ans d'effort pour le mettre en place.

Vous pensez que l'époque est propice pour réinventer des pratiques en matière de reconversion ?

Les syndicats s'interrogent sur leur action, l'Etat et certaines entreprises aussi. Si la conjoncture continue de se dégrader, la crispation sociale pourrait se généraliser. Il sera alors difficile de faire entendre le mot «mutation» là où on ne verra que des crises.

Comment faire en sorte que les salariés ne soient pas victimes des restructurations ?

C'est difficile, car la douleur est réelle : une perte d'emploi, c'