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Libération

Sur les bateaux-mouches, c'est «papa» qui fait la loi

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Manifestation des salariés contre un patron de 86 ans farouchement opposé aux syndicats.
publié le 13 février 2003 à 22h13

C'est une des plus grosses attractions de Paris, au même titre que la tour Eiffel ou les Champs-Elysées. Mais les salariés de la Compagnie des bateaux-mouches travaillent dans un climat exécrable, fait de brimades syndicales, d'intimidations, qui vont parfois jusqu'aux insultes racistes. Très loin de la carte postale que viennent chercher les touristes qui embarquent pour un dîner croisière ou une promenade sur la Seine. Hier matin, pour la première fois, les salariés manifestaient sur le quai, face aux bateaux amarrés plus bas.

Salaires amputés. Tout est parti du renvoi de la comptable de l'entreprise, il y a cinq ans. Jusqu'alors, les bons pourboires qui arrondissaient les salaires compensaient partiellement les difficultés du travail, dans cette compagnie qui compte selon la saison parfois jusqu'à 200 personnes. Mais du jour au lendemain, les comptes de l'entreprise n'ont plus été publiés, ni accessibles aux salariés. Qui ont vu dans le même temps leurs salaires diminuer. Pour certains, la paie est même amputée des trois quarts.

En juin 2002, les employés décident de créer un comité d'entreprise afin d'avoir accès à la comptabilité. Une audace que Jean Bruel, le patron qui se fait appeler «papa», ne peut admettre. Il déteste viscéralement les syndicats. «Il a vu le diable quand on est arrivés», rapporte un adhérent de la CFDT hôtellerie-tourisme-restauration. Jean Bruel a été résistant, puis proche de l'OAS, et plus récemment sympathisant du Front national au point d'aider