Quel est l'ennemi du coiffeur tenté de frauder ? «Le shampoing», répondent coiffeurs, contrôleurs du fisc et comptables. Tous connaissent le truc : en cas de contrôle fiscal, les inspecteurs comptent les bouteilles achetées. Un petit coup de calculatrice, et voila une estimation de l'activité du salon, et donc du chiffre d'affaires. A la moindre différence avec les recettes déclarées, c'est le redressement. Le shampoing est donc le symbole de la difficulté de trop planquer de revenus pour la profession.
Pour les petites fraudes, pas de souci. Quelques billets en liquide par ci par là, pas de ticket de caisse, aucune inscription dans la comptabilité... «Il y a une tolérance», indique un comptable. En gros, explique-t-il, jusqu'à «5 ou 6 % du chiffre d'affaires», et la manoeuvre passe inaperçue. «Tous mes clients dissimulent ainsi un peu de recettes, poursuit-il. Parfois, j'étais obligé de dire à certains qu'ils allaient un peu trop loin et prenaient un risque.» Trop se sucrer, «c'est extrêmement dangereux», selon Pierre Martin, président de la Fédération nationale de la coiffure. Car le fisc n'aime rien tant que reconstituer le chiffre d'affaires à partir d'une flopée d'indicateurs. Le nombre de bouteilles de shampoing, on l'a vu. Mais aussi la laque, le nombre de salariés, la blanchisserie, les sacs poubelles...
Compta officielle. Du coup, l'exercice demande une certaine dextérité : il ne suffit pas d'encaisser une partie des recettes au noir, il faut aussi utiliser une partie