Menu
Libération

Le grand virage de Chirac sur les aides à l'exportation

Article réservé aux abonnés
Lors du sommet France-Afrique, il a fait son mea-culpa sur le dumping.
publié le 22 février 2003 à 22h34

Jacques Chirac a un don rare. Plus il vieillit, plus il devient souple. Le chef de l'Etat s'est livré à un grand écart, à l'occasion du XXIIe sommet France-Afrique. Lui, le fervent défenseur de la Politique agricole commune (PAC), le visiteur intarissable du Salon d'une agriculture sous perfusion, fait un mea culpa. Oui, dit-il, le dumping des pays du Nord ­ l'exportation de produits à des prix inférieurs au prix de revient ­ a des effets dévastateurs.

Un virage à 180 degrés. A Doha, en 2001, lors du sommet de l'OMC, la France avait menacé d'opposer son veto à un calendrier sur la suppression progressive des subventions. Et Paris se veut encore aujourd'hui le leader des opposants à une réforme radicale de la PAC voulue par la Commission européenne. Et pour cause : la France, principale bénéficiaire de la PAC, a glané, en 2001, 22,2 % d'un pactole européen de 42 milliards d'euros. Loin devant l'Espagne ou l'Allemagne.

«Isolée». Ce simple rappel a toujours irrité Jacques Chirac. Evoquer l'impact des subsides agricoles dans le tiers-monde, revenait, selon lui, à faire le jeu du groupe de Cairns, le groupe des dix-sept pays ultralibéraux en matière agricole. Et à nier «l'exception agricole» française. «C'est vrai, le chef de l'Etat a beaucoup évolué sur cette question», dit un conseiller. Car ses positions sur l'agriculture écornaient l'image d'un président qui veut jeter «les bases d'un monde multipolaire», en se faisant le héraut des pays pauvres. Et puis, «la France était de pl