Ce n'est pas parce qu'il s'appelle comme ça qu'il défonce les portes pour autant. Le lapin bélier est un rongeur placide qui doit son nom à ses oreilles. Une longue paire d'esgourdes tombantes, qui lui donne un air de bélier (CQFD). Si l'envergure des oreilles est comprise entre 38 et 45 cm, nous voilà face à un bélier français ; entre 45 et 73 cm, c'est un bélier britannique. Hors de ces seuils, c'est la disqualification. On ne badine pas avec les mesures. Les plus beaux spécimens ont été primés vendredi, avant l'ouverture du Salon. Le premier prix s'appelle 755, il est blanc et il se fiche bien d'avoir gagné sa médaille. «L'élevage, c'est ma passion, mais je n'en vis pas, je revends parfois quelques beaux mâles et quand j'en ai de trop, j'en mets au congélateur», raconte un éleveur du centre de la France fièrement posté devant les cages des mâles. Sa passion : croiser des individus, obtenir de beaux spécimens et «protéger la race». On ne sait pas quand les oreilles du lapin bélier se sont affaissées. «Il a perdu le gène qui maintenait droites ses oreilles», précise l'éleveur. Ce que l'on sait, c'est que des moines mangeaient ces rongeurs au Moyen Age, ou plutôt, ils croquaient les foetus quelques jours avant leur naissance. Cela leur permettait de contourner l'interdiction de manger de la viande : lovés dans le liquide amniotique, les jeunes étaient considérés comme des poissons. On peut donc passer le bélier à la casserole, même si «ce serait dommage de manger de beaux re
Le lapin qui ne sert à rien
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par Laure Noualhat
publié le 24 février 2003 à 22h35
(mis à jour le 24 février 2003 à 22h35)