Laurent, 28 ans, cadre commercial dans la grande distribution, est en sursis depuis trois mois. Son entreprise le pousse à démissionner, lui, le dernier arrivé. Il accepte le procédé avec un mélange de fatalisme et d'indignation.
«Demain, j'arrête. Enfin, quand je dis demain, c'est peut-être après-demain ou un peu plus tard. Le temps pour moi de trouver une porte de sortie. J'ai bien compris, ils ont été suffisamment clairs : "Demain, monsieur, il n'y aura plus de place pour vous dans l'entreprise." Convoqué dans le bureau du directeur, je n'en menais pas large. J'ai été assommé par la brutalité du propos.
«J'ai été embauché au printemps 2000 comme cadre commercial grande distribution. Analyser la clientèle, ses besoins, régler l'architecture des rayons, gérer une équipe : c'est comme si je tenais ma propre boutique. Je ne comptais pas mes heures, 10 à 12 par jour en moyenne pour 1 890 euros par mois. Toujours la même motivation, malgré des rumeurs de réorganisation du magasin qui circulaient. Des bruits de rayons que je n'ai pas pris au sérieux. Trop de personnel. Dernier arrivé, premier parti, je savais qu'en cas de problème ma position était périlleuse. Je croyais que s'ils en venaient à réorganiser mon secteur, je serais réintégré ailleurs. Naïf, je ne sentais pas vraiment la menace.
«A la rentrée, ça a commencé à sentir le vinaigre. J'ai reçu une lettre dans laquelle on me reprochait mon manque de communication et les résultats un peu en dessous des objectifs. Avec cette l