Epinal (Vosges)
envoyée spéciale
Sur le fronton de la maison de maître, une date témoigne de l'activité presque séculaire de la fabrique : 1912. Mais les tissages de Rambervillers ne sont plus : mardi dernier, le tribunal de commerce a prononcé la liquidation de l'entreprise La Mortagne, 38 salariés. Sauf miracle, Rambervillers, 6 177 habitants, vient de tourner la page de son siècle textile.
Gérard Keller, le maire (PS) de la commune, n'en finit plus d'énumérer la liste des repreneurs successifs de l'usine depuis la déconfiture du groupe Boussac, en 1978. Le dernier plan de sauvetage, c'était il y a un an. Or, aujourd'hui, Gérard Keller sait que les perspectives d'emploi autour de Rambervillers sont totalement bouchées. A Baccarat, la cristallerie, fleuron de l'industrie locale, bat de l'aile. A Lunéville, Flextronics a fermé il y a un an et demi. Quant à la Poterie lorraine, l'autre grande usine du canton (110 emplois), qui fabrique des pots, elle est en liquidation judiciaire depuis dix jours, et son avenir repose désormais dans les mains d'un hypothétique repreneur. Tout le reste du département des Vosges n'est guère mieux loti : pour ne parler que du textile, les emplois disparaissent au rythme impitoyable de 500 à 1 000 par an...
Pays émergents. Après la violente crise de la fin des années 1970, le textile vosgien avait tenté de survivre tant bien que mal. Depuis le début des années 90, c'est une lente descente aux enfers : entre 1990 et 1999, le nombre d'emplois de la fil