Il est des sigles épouvantails. En 1998, l'AMI (Accord multilatéral sur l'investissement), initié par l'OCDE, le groupe des 30 pays les plus riches de la planète, visait à renforcer les prérogatives des multinationales. Mis en lumière par les réseaux antimondialisation, le projet avait été torpillé. En attendant que l'AMI revienne par la fenêtre, l'AGCS lui succède comme cible des mouvements qui ferraillent contre «la marchandisation du monde». «L'AGCS ? Une bombe à fragmentation, et à retardement», résume un syndicaliste anglais.
«Bradage». L'AGCS, c'est l'Accord général sur le commerce des services. Jeté sur les rails en 1995, avec la naissance de l'OMC, il doit faire entrer en vigueur, le 1er janvier 2005, une vague de libéralisation dans les services. Tout y passe : santé, éducation, eau, énergie, culture, transports, banque, poste, télécoms, garde d'enfants, vétérinaires, comptables, tourisme, etc. Un marché potentiel énorme. 1 000 milliards de dollars pour l'eau, 2 000 milliards pour l'éducation, 3 000 milliards pour la santé, selon le réseau International Public Service, qui dénonce le «bradage des services publics».
Entre défenseurs et détracteurs d'une libéralisation, une course contre la montre s'est engagée. D'ici au 31 mars, les 145 membres de l'OMC doivent avoir déposé les propositions. Et dire quel secteur de services ils sont prêts à ouvrir à la concurrence et (ou) quels secteurs ils aimeraient voir ouverts chez les autres.
La Commission européen