A l'Elysée, on appelle ça «une malencontreuse patate chaude». Elle sera décortiquée aujourd'hui à Paris, à l'occasion de la venue au Quay d'Orsay de la ministre des Affaires étrangères suisse, Micheline Calmy-Rey, et cuisinée demain à Genève lors d'une réunion altermondialiste (1). Cette patate le G8, le sommet des pays riches qui se tiendra du 1er au 3 juin, à Evian, pour sa 28e édition , la France s'en serait volontiers passée. Mais voilà, depuis 1975, jamais elle n'a sauté son tour. Les Canadiens, qui l'ont perchée l'an dernier dans les Rocheuses (lire ci-dessous) viennent de la refiler aux Français. Qui se feront un plaisir de la repasser aux Américains pour 2004. Elle a gonflé avec les mobilisations altermondialistes qui l'accompagnent, depuis 1998, à Birmingham. Pour devenir brûlante après les bavures et la mort d'un manifestant à Gênes, en 2001.
Echafaudage. Drapé dans ses habits de docteur en fracture mondiale, Jacques Chirac avait concocté un menu maison (2), histoire de bousculer le G8, club où «l'idéologie libérale domine», résume un proche. A l'arrivée, la «solidarité», la «responsabilité» et la «démocratie» risquent bien de s'effacer devant la «sécurité». La guerre contre l'Irak et l'incertitude économique viennent plomber le savant échafaudage élaboré par le chef de l'Etat.
En attendant, la patate chaude a déjà provoqué des dommages collatéraux. La Suisse, que seul le lac Léman sépare d'Evian, en est tourneboulée. «On n'a pas été consultés sur le choix du site