Romorantin (Loir-et-Cher)
envoyé spécial
Hier, au lendemain de l'annonce de la fermeture prochaine de l'activité de Matra-auto à Romorantin, les deux usines condamnées se sont réveillées sans un bruit. Les deux sites sont au chômage technique depuis vendredi dernier. Plus assez de travail pour faire tourner les machines. Il faudra attendre lundi et l'embauche à 7 h 15, pour que les salariés se réunissent et qu'éclate la colère, ou le dépit. Hier, il n'y avait qu'un silence de plomb. En proche banlieue de la ville, le site «Romo 3», où sont assemblés les véhicules, est désert. Derrière les grillages, quelques dizaines d'Avantime sont alignées sagement. Ce seront les dernières voitures qui sortiront de Matra, à l'exception des 150 véhicules qui sont encore «enchaînés», c'est-à-dire en cours de fabrication sur les lignes de production.
A quelques kilomètres de là, devant le site de finition des véhicules, «Romo 1», ancienne draperie reconvertie, seule une poignée d'employés, en majorité de la maintenance, qui étaient «d'astreinte», se tiennent devant un portail en fer forgé. L'un d'eux déplie une échelle et grimpe pour accrocher au logo Matra une banderole noire, puis redescend pour rejoindre ses cinq collègues pour une minute de silence. Le cérémonial est un peu pour la caméra de télé qui fixe les six hommes devant le fronton. N'empêche, les visages sont graves.
Déménager. En fin de matinée, quelques salariés sortent, par petits groupes. Un peu groggy.
Christiane a 46 ans. Matra a