A Châteauneuf-du-Pape, la guérilla des bouteilles a débuté, et les viticulteurs doivent choisir dans quel flacon mettre leur vin. D'un côté, la bouteille «tradi», ses lettres gothiques gravées dans le verre, ses 66 ans d'existence. De l'autre, la «Mitrale», une bouteille relookée au nom dérivé de la mitre papale, aux lignes plus contemporaines et présentée officiellement jeudi. Sur le territoire de l'appellation, chacun a dû choisir son camp dans cette version raisinée de la querelle des anciens et des modernes. Soit rejoindre les partisans de la Mitrale, une cinquantaine de négociants et de producteurs emmenés par le Syndicat intercommunal de défense viticole (Sidvaoc). Soit refuser cette sécession et camper sur le flacon historique de l'appellation, comme 200 exploitants regroupés par le Syndicat des producteurs de Châteauneuf-du-Pape. «C'est assez lamentable, regrette Jean-Louis Canto, propriétaire sur la commune et fidèle à la bouteille tradi. Le consommateur ne va plus rien y comprendre.»
Nouveau monde. Derrière cette affaire de bouteille, on retrouve une bonne partie des débats agitant le monde du vin français, chahutés par les crus du Nouveau Monde sur les marchés étrangers. Depuis quelques années, la filière est incitée à se moderniser, à se préoccuper un peu plus des souhaits des consommateurs et à soigner la qualité. Des préceptes largement mis en avant par les «Mitraliens». Leur bouteille est conçue comme un outil marketing, avec force tests consommateurs réalisés