Johannesburg,
de notre correspondante
Dans l'un des townships les plus désolés de l'est de Johannesburg, Tso Langa a ouvert son cabinet de généraliste il y a trois ans. Dans la petite maison bleue de Katlehong, le mur de son bureau rose bonbon est couvert d'une affiche détaillant la composition et l'usage de tous les antirétroviraux existants. Entre deux consultations, le médecin répond à ses deux téléphones. «Tu as ton idée sur cette maladie, explique-t-il à un client. Il faut que tu m'apportes tes résultats. Plus tôt tu seras sous antirétroviraux, mieux ce sera. Comment, je te fuis ? Tu as mon numéro de portable, tu sais bien que je m'inquiète pour toi... Mais si, je suis très inquiet, je ne veux pas rester assis là à me faire du souci pour toi. Apporte-moi tes résultats, je les veux, j'en ai besoin.» Ses accents de prêtre viennent sans doute des dizaines de malades du sida qu'il a vu mourir, impuissant. Père de deux enfants en bas âge, Tso Langa avoue que son coeur s'est brisé à l'enterrement d'une fillette de 4 ans, contaminée à sa naissance, pour laquelle il n'avait rien pu faire. «Oui, les antirétroviraux sont toxiques, comme le dit si bien notre très inutile ministre de la Santé, mais on n'a encore rien trouvé de mieux pour prolonger les vies», affirme-t-il en ravalant sa colère.
«Toxicité». Manto Tshabalala-Msimang, ministre de la Santé du gouvernement sud-africain parle en effet à tout bout de champ de la «toxicité» de l'AZT. Pourtant, en 2001, Pretoria, aidé des ONG,