Romorantin (Loir-et-Cher) envoyé spécial

Les salariés de Matra ont offert une large indifférence à l'annonce de Louis Schweitzer, hier à Romorantin, quand elle ne les a pas franchement irrités. «C'est du pipeau, du flan. Comment voulez-vous que cela règle le problème», tonitrue Pierre en sortant de l'usine, en grève depuis lundi. A en croire les syndicats, qui viennent de se constituer en intersyndicale après des journées de désunion, le principe de reclassement chez Renault était acquis dans le plan social préparé par Lagardère. «C'est une vraie fausse annonce, pour se laver les mains, poursuit Pierre. Il fait semblant de croire que les gens vont venir à 900 personnes de Romorantin à Sandouville, en Seine-Maritime. Il y a des gens qui ont acheté des maisons, qui ont des femmes qui travaillent ici, des enfants. Ils font quoi ?», feint de s'interroger Pierre Limet, délégué CGT.

«Roulette russe». De fait, ils seront nombreux à rester. C'est le cas de Franck, 31 ans. Comme beaucoup, il a été embauché entre 1989 et 1991. Comme beaucoup, il s'est installé ici. «Moi, j'ai acheté une maison en 1994. Alors, je ne partirai pas. Je préfère encore miser sur mon âge pour retrouver quelque chose ici. Et, de toute manière, dans un bassin d'emplois sinistré, à qui voulez-vous vendre les maisons et à quel prix ?» Dominique, 42 ans : «Peut-être que, pour certains, le reclassement chez Renault peut être bien. Ce sera du cas par cas. Moi, j'ai déjà connu cela. Je travaillais à Matra Armement, à