En janvier, les salariés de Daewoo menacent de verser des produits chimiques dans la rivière. En février, les salariés de l'usine Pechiney d'Auzat (Ariège) séquestrent leur directeur, après l'annonce de la fermeture du site. Aujourd'hui, les salariés de Martell poussent la logique un peu plus loin, en s'en prenant à eux-mêmes. Si la grève de la faim est utilisée par un individu désespéré de sa situation, il est rare de voir brandir la menace dans un cadre collectif de travail. Au sein de l'entreprise, un dialogue social est censé exister, via le comité d'entreprise (CE). En obligeant les directions à informer les salariés sur les raisons d'une fermeture, le CE joue un rôle de garde-fou, désamorçant par l'information les réactions les plus violentes.
Visiblement, le système ne marche plus. Depuis deux ou trois ans, les conflits se font plus violents, les actions organisées par les salariés, plus désespérées. Après une longue période d'accalmie, la violence a resurgi en 2000. Cet été-là, les salariés de la filature Cellatex menacent de faire sauter l'entreprise qui va fermer. Ils détiennent 57 tonnes de sulfure de carbone. Secrétaire général de la fédération textile à la CGT, Christian Larose a suivi le conflit. «Nous sommes à la veille des vacances, raconte-t-il (1), le patron de Cellatex a disparu, il est reparti dans son pays sans payer les salaires, les congés payés, les indemnités de licenciement, mais en emmenant avec lui les carnets de commandes pour faire produire dans