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Libération
Enquête

«On nous jette comme du linge sale»

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Fourbus et amers, les 830 salariés s'accrochent à l'espoir d'une reprise du site. Journal de leur combat, de Noyelles-Godault à Lens.
publié le 7 mars 2003 à 21h52

Pendant huit jours, Libération a suivi les Metaleurop-Nord, mobilisés depuis le 17 janvier. De manifs en témoignages, récit d'une semaine consacrée à conjurer la liquidation judiciaire sur laquelle le tribunal doit se prononcer aujourd'hui.

«Metaleurop, nous portons ton deuil»

Jeudi 27 février, 13 heures, près de la citadelle à Lille. «Bon, faut rester groupés, pour faire masse, parce que...» L'oeil grave sous la frange sombre, Farid Ramou ne termine pas sa phrase. Le jeune délégué CGT de Metaleurop-Nord jauge la manif sur le départ. Pour 830 emplois menacés, 300 manifestants, c'est peu. Casques siglés du nom de l'usine, visages goguenards mais sans joie, ils sont arrivés de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) en moto, voiture, tracteur, lentement sur l'autoroute. Sous un soleil éclatant, ils ont provoqué treize ki lomètres de bouchons sur l'A1, entre l'usine et Lille. Une banderole : «Metaleurop, nous portons ton deuil.» Beaucoup d'ouvriers, quelques secrétaires, quelques cadres. Face à une haie noire de gendarmes mobiles, les gars bombent le torse : «Ils sont payés grâce à nous, ces branleurs !» Un autre : «Plus pour longtemps, on n'aura bientôt plus d'impôts à leur donner...»

Casseroles, sifflets, cornes de brume, pétards, fumigènes. Des slogans s'élèvent puis retombent : «Des sous, du pognon !». Rue Royale, direction le consulat américain. Russ Robinson, PDG de Metaleurop SA est américain. C'est lui qui a décidé de couper les vivres à sa filiale de Noyelles-Godault le 17 janvi