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Libération

Homme d'action, femme de compassion

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Dans le milieu du travail, les stéréotypes ont la vie dure. Le souci de l'autre (infirmière ou vendeuse) fait le «métier féminin», quand décision et direction restent très masculins.
publié le 10 mars 2003 à 21h57
(mis à jour le 10 mars 2003 à 21h57)

C'est une jeune femme dont les cheveux dégringolent dans le dos et qui ne porte pas de «trucs très féminins sans avoir une allure masculine». Ingénieure de production dans la métallurgie en jean et boucles d'oreilles, Edith (1) est une des rares femmes à diriger une équipe dans une usine de tôle pour voitures. «Quand le matin, j'arrive en jupe, on me voit comme une femme, non comme une ingénieure. Quand je dis bonjour, je vois dans le regard des autres que je suis une femme.» Dans son atelier où tout le monde évolue en bleu de travail, Edith n'a jamais essuyé de réflexions machistes, ni vu son autorité contester. Il n'empêche, elle se sent comme un «oiseau bizarre», «un perroquet en jupe rose au milieu de corbeaux en costume-cravate».

Archaïsme vivace. Même si elles ont investi massivement le marché du travail depuis quarante ans, devenant ingénieures ou chirurgiennes, les femmes actives ont des soucis. Souvent présentées de façon triomphante par les magazines féminins ­ elles réussiraient tout, même mieux que les hommes, d'où leurs complexes à eux ­, elles se prennent, en fait, les pieds dans une difficile conciliation entre travail et vie privée. Et ne se défont guère des archaïsmes d'un milieu du travail qui les enferme dans les emplois les moins reconnus et les moins bien payés. 99 % des assistants maternels et 98 % des employés de maison sont des femmes alors que 92 % des cadres de l'industrie et 80 % des chefs d'entreprise sont des hommes. Aux femmes, l