Hongkong envoyé spécial
Le pique-nique rituel, devant la boutique Chanel, a pris un goût amer. Comme tous les dimanches, Rima Cananan et ses amies ont choisi de s'installer à même la chaussée, dans le centre de Hongkong, pour déguster des plats de leur région d'origine, Pangasinan, aux Philippines. Autour d'elles, des dizaines de milliers d'autres Philippines ont pris possession du «triangle d'or», ce quartier ultrachic de la ville, déserté par les taitai, les riches hongkongaises.
Mais ce dimanche ces femmes ont accroché une banderole : «Non à la taxe sur les salaires». Ces employées de maison asiatiques, dont la présence constitue un des éléments clés du mode de vie de la haute société de Hongkong, sont parties en guerre contre le gouvernement autonome du territoire. Alors que l'économie hongkongaise se porte mal, le gouvernement a annoncé la semaine dernière une taxe sur leurs salaires de 400 dollars hongkongais (45 euros) par mois, soit, dans les faits, une baisse de 11 % de leur revenu minimum garanti de 3 670 dollars HK (420 euros). «C'est écoeurant de s'en prendre de cette manière aux travailleurs étrangers. Nous sommes déjà les moins bien payés de Hongkong», s'insurge Rima Cananan, qui travaille ici depuis quinze ans.
Contre-attaque. L'affaire vient de prendre une tournure diplomatique. Le gouvernement philippin, dont 150 000 citoyens travaillent à Hongkong et pour lequel les mandats envoyés par ces expatriés constituent une importante rentrée de devises , a décidé d