Ça a duré trois mois. Pour la première fois, une crèche familiale, située dans le centre de Paris, avait recruté un homme comme assistant maternel. Il gardait trois enfants chez lui, tout en venant dans les locaux de la crèche deux fois par semaine pour des activités. Il recevait la visite de la directrice, de la psychologue et d'une puéricultrice très régulièrement. Pourtant, il a craqué et a démissionné la semaine dernière.
«Il était parfait avec les enfants, raconte la directrice, Monique Corbic. Compétent et enthousiaste, mais il n'avait pas mesuré que les familles peuvent avoir des craintes avec un homme.» La difficulté est venue du père des enfants gardés. Il n'a pas supporté qu'un autre homme puisse «prendre sa place» symboliquement. Les familles, si longtemps habituées à confier leurs enfants à des femmes, acceptent les hommes difficilement. Et d'autres angoisses se font jour, constate Monique Corbic : «Est-ce qu'un homme sera capable d'être maternant avec des petits de 2 mois et demi. Et les craintes autour de la pédophilie sont montées ces dernières années.» Les hommes qui réussissent à devenir assistants maternels se coulent alors dans d'autres stéréotypes sexuels. «Ils s'occupent des plus grands. Ils sont plus dans le jeu et l'animation que dans le maternage, relève Françoise Bauche du SNPAAM, le syndicat national professionnel des assistants et assistantes maternelles. Beaucoup d'hommes deviennent aussi tuteurs d'enfants placés.»
Discrimination
Sur 230 000 assistantes maternelle