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Libération

Le self-control du contrôleur

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publié le 10 mars 2003 à 21h57

Denis, 42 ans, est contrôleur SNCF sur les grandes lignes de l'est de la France. Un travail de plus en plus difficile.

«Je suis contrôleur depuis quinze ans, d'abord sur des lignes locales, puis sur les lignes qui vont de la province vers Paris. Normalement, j'aime travailler dans les trains Corail, les voyageurs y sont assez gentils : des provinciaux, timides, qui montent à Paris, des étudiants ou des Parisiens qui rentrent pour les fêtes dans leur région d'origine. A Noël, avec des paquets. Et l'été ils repartent avec des légumes plein leurs sacs. Dès le printemps, des femmes rapportent des bouquets de fleurs à Paris.

«Mais, depuis quelques années, la situation s'est beaucoup dégradée. D'abord, les gens sont peut-être moins sympas. Mais surtout les conditions matérielles se sont dégradées. On roule avec des locomotives électriques ou Diesel qui font un peu ringardes à côté des TGV flambant neufs. Parfois, les clients ne comprennent pas qu'ils voyagent encore dans des trains Corail à compartiments pour des tarifs qu'ils trouvent très élevés, sans voiture-bar, sans endroit pour que les enfants s'amusent, avec parfois des toilettes hors service et la clim en rade. On fait notre possible pour rendre tout cela supportable, on place les gens, on fait en sorte que personne ne reste debout. On est souple. Mais quand il y a un accident ou qu'une loco tombe en panne, on est incapable de trouver du matériel de remplacement. Car, avant le lancement du TGV Est, prévu en 2006-2007, il n'y