Strasbourg
de notre correspondante
Les dockers de Marseille et de Fos-sur-Mer portaient un gilet jaune, les Bretons de Brest une casquette rouge, les Espagnols de Valence, Tarragone ou des îles Canaries un brassard orange, les Néerlandais et les Belges en pinçaient plutôt pour le bleu et le vert, et parfois tous ceux-là mélangeaient leurs couleurs, les autocollants de leurs syndicats et leurs slogans «Non à la déréglementation européenne !», «El pueblo, unido, jamas sera vincido !»...
Pavés et boulons. Hier, près de 4 000 dockers venus de plusieurs ports d'Europe à l'appel de l'IDC (International Dockers Council, coordination de plusieurs organisations nationales où siège notamment la CGT française) ont manifesté à Strasbourg, devant un Parlement européen transformé en forteresse. De violents incidents ont d'ailleurs longuement opposé les manifestants aux forces de l'ordre, les secondes répliquant par des tirs nourris de grenades lacrymogènes et par l'usage du canon à eau aux jets répétés de bouteilles vides, pavés et boulons des premiers.
Les dockers avaient fait le voyage à Strasbourg alors que les eurodéputés se préparaient à examiner, hier soir, en seconde lecture, un projet de directive libéralisant certains services portuaires, désormais promis à la concurrence. Les dockers craignent donc qu'à l'avenir les armateurs se passent de leurs services et de ceux des travailleurs portuaires (grutiers, mécaniciens, etc.), au profit de leurs propres marins, main-d'oeuvre moins chè