Certains avaient dormi sur le trottoir. Presque tous sont arrivés à l'aube pour se bousculer devant le siège de Khalifa à Alger. Dans un pays où le chômage frôle les 50 %, le groupe annonce le recrutement de 600 personnes. C'était le 26 février. A ce moment-là, Khalifa passe encore pour un miracle. Surgi du néant en 1997 après trente ans de socialisme, avec 100 000 dinars (1 500 euros) seulement de capital et sous la houlette d'un licencié en pharmacie de 35 ans, le premier groupe privé algérien ne laisse passer de semaine sans claironner une conquête BTP, banque, compagnie d'aviation, chaînes de télé (dont une en France), sponsorings de l'Olympique de Marseille ou de l'équipe de foot algérienne (Libération du 30 octobre). Quelques jours plus tard, le 3 mars, nouvelle ruée, devant les agences bancaires du groupe cette fois. L'ambiance a viré : les petits épargnants paniqués plus de 2,5 millions en tout veulent leurs économies. Colonne vertébrale du groupe, Khalifa Bank est accusée de malversations, talonnée par le fisc, les douanes, la justice, et confiée à un administrateur provisoire.
Depuis, l'empire se détricote. Aucun transfert de fonds vers l'étranger n'étant plus autorisé, toutes les structures en France, comme la chaîne K-TV, sont asphyxiées (lire ci-contre). Khalifa lâche l'équipe d'Algérie, rend ses appareils en leasing, coupe jusqu'aux lignes de téléphones portables. Aussi fulgurante que son ascension, la chute de la maison Khalifa pose autant de mystères.
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