Lasalle (Gard) envoyée spéciale

C'est une toute petite histoire d'eau qui se jette dans les règlements français, s'y perd et s'y noie. Elle naît au sud des Cévennes, à une heure et demie de Nîmes dans le hameau de Lasalle qui dépend de la commune de Bez-et-Esparon, à 2 kilomètres. Un chemin récemment goudronné y monte en colimaçon. A 500 mètres d'altitude, une quinzaine de bâtiments dominent la vallée de l'Arre, dix ruines et six maisons rénovées, de pierre, grès, granit, schiste. L'endroit, pas trop léché, conserve tout son charme. Mais les habitants viennent d'y découvrir qu'en France le droit à l'eau ne coule pas de source.

Engrenage. Quand il a acheté sa maison à Lasalle il y a un an et demi, Christian Lefaure a ouvert le robinet, l'eau a coulé. Depuis toujours, le hameau paradisiaque caché dans une forêt de châtaigniers vit sur une source située en contrebas. Quelques pompes bricolées montent l'eau dans des citernes en plastique placées au-dessus des habitations. Deux habitants y vivent toute l'année, les autres y viennent en vacances, mais l'endroit est très demandé, les prix s'envolent. Quand un an après son arrivée, la source s'est tarie pendant six mois, Christian Lefaure n'a pas compris tout de suite dans quel engrenage inextricable lui et les autres habitants allaient se trouver.

«Nous avons bien droit à l'eau, se sont dit les habitants, on ne va pas nous laisser comme ça.» Ils s'en sont allés voir monsieur le maire de Bez-et-Esparon, bien embêté. Ses 305 habitants ­