Saint-Nicolas-d'Aliermont, envoyée spéciale.
Tous les soirs, Sylvie, 45 ans, conditionneuse, rapportait des cartons de pièces à son domicile. Toute la famille s'y mettait. Son mari, ses filles coupaient au cutter les embouts des pom pes, montaient les poussoirs des vaporisateurs ou encore posaient les fleurs de plastique sur les flacons. Jusqu'à 10 000 pièces par soirée, qu'elle rapportait le lendemain matin à l'usine. A 5 ou 10 centimes la pièce, «quand on a de petits Smic, le plus qu'on nous donnait nous faisait du bien». Samedi dernier, Sylvie a appris que ce travail à façon, réalisé par toutes les ouvrières, était illégal. Tout comme ces longues heures supplémentaires, rémunérées en «primes exceptionnelles» ou encore l'absence de congés payés. Tout comme a été illégale la fermeture sauvage de l'usine, le 6 janvier dernier. Ce jour-là, lorsque les salariés de Palace Parfums sont venus reprendre le travail après les vacances de Noël, il n'y avait plus rien dans l'établissement (Libération du 15 janvier). Les locaux étaient vidés, les chaînes de conditionnement et les stocks disparus, le directeur évanoui dans la nature.
Prud'hommes. Samedi, Sylvie et la plupart des quarante-huit ex-salariés de Palace Parfums, entreprise de Saint-Nicolas-d'Aliermont (Seine-Maritime), se sont retrouvés à Dieppe, dans les locaux de la CFDT. L'avocate Marie-Pierre Ogel qui plaidera leur cause auprès des prud'hommes, a remis à chacun un dossier, où étaient énumérés les préjudices financiers, nota