Menu
Libération

A Manille, le fiasco d'une privatisation

Article réservé aux abonnés
Faute de rentabilité, le joint-venture franco-philippin qui approvisionne la capitale en eau depuis 1997 met fin à son contrat de concession.
publié le 24 mars 2003 à 22h18

Bangkok de notre correspondant

C'est une histoire emblématique où s'entremêlent les intérêts financiers d'une multinationale privée (le français Suez) et les incompétences des pouvoirs publics. Le tout au détriment des habitants, et évidemment des plus démunis d'entre eux, dans les faubourgs de Manille, la capitale de l'archipel philippin.

Jusqu'en 1997, l'approvisionnement en eau de la région ouest de la capitale philippine (1), gérée par l'Agence métropolitaine de l'eau et des égouts (MWSS) était absolument catastrophique. Les coupures d'eau étaient fréquentes et l'approvisionnement aussi incertain qu'un pari au juteng, la loterie philippine des pauvres.

A la suite d'un processus de privatisation, un joint-venture franco-philippin Maynilad (détenu à 60 % par le groupe philippin Benpres et à 24 % par Ondeo, filiale de Suez) prend en charge l'approvisionnement en eau d'une bonne partie de la capitale philippine. Très vite, l'expertise française combinée au poids financier de la famille Lopez, propriétaire de Benpres, fait des merveilles. Dans les bidonvilles de Manille et dans les quartiers chics de Quezon City, l'eau s'est remise à couler. «Avant Maynilad, l'approvisionnement en eau faisait pitié. L'eau arrivait goutte à goutte, il fallait une heure pour remplir un seau», raconte Christine Tan, une religieuse qui travaille depuis vingt ans dans le bidonville de Leveriza, en bordure de Pasay City.

Obligations. Cette success story tenait presque du conte de fées social : Rafael A