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Libération

L'homme qui a importé les 35 heures au Japon

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Lors d'un voyage en France, Seigen Ono a été séduit par la RTT. Et l'a appliquée dans son entreprise. Une première au Japon, où la semaine de travail frôle les 60 heures.
publié le 24 mars 2003 à 22h18

Tokyo de notre correspondant

Dans une artère du quartier résidentiel de Jingumae, à Tokyo, une PME japonaise spécialisée dans l'ingénierie sonore fait trembler le patronat de l'archipel. Son nom ? Saidera Paradiso. Littéralement : la clé du paradis. Cette petite société créée en 1995 a adopté «les 35 heures à la française» et les encourage au Japon. «Les Français ont tout compris. Eux seuls pouvaient inventer ça», dit en souriant son président, Seigen Ono, ingénieur du son réputé (autrefois pour Miles Davis) et compositeur lié aux grands studios de Tokyo (JVC, Sony, Toshiba, Yamaha...).

Au cours de l'été 2000, après la production d'une trentaine de disques terminée, Seigen Ono décide de s'accorder un mois de vacances. Avec son épouse hollandaise et leur bébé, ils s'envolent pour Paris et font un tour de France en voiture. Sur la Côte d'Azur, c'est le choc. A Marseille, en Provence, à Nice, Seigen Ono est frappé par le style de vie décontracté des gens du Sud. Il découvre ce que veut dire «le temps de vivre». «Je me suis logiquement demandé comment les Français pouvaient disposer d'autant de temps libre, profiter à ce point de leurs loisirs et faire en sorte que leur pays, deux fois moins peuplé que le Japon, soit la quatrième ou cinquième puissance économique. A vrai dire, je n'ai pas fini de me poser la question...» Au même moment, le débat autour des 35 heures fait rage dans l'Hexagone. Seigen Ono est impressionné par «la vigueur et la qualité du débat social en France». C'e