Costume bleu marine, cravate gris anthracite, chemise blanche, Takeshi Ueda, 43 ans, est un ingénieur chevronné au sein d'une filiale électronique du géant Matsushita. «Je travaille près de deux mille cinq cents heures par an», dit ce père de famille en sirotant son thé vert. Sept cents heures de plus qu'un actif français. «Dans ma division, nous relevons chaque jour des défis en matière d'innovation technologique. Nous faisons souvent des nuits blanches au bureau. Mais seulement 20 % de nos heures supplémentaires sont rémunérées.» Takeshi figure parmi ces 37 % d'actifs qui ne prennent pas de vacances dans l'archipel. «Il est capital, précise-t-il pour se justifier, que le Japon maintienne son rang dans les télécommunications et l'électronique grand public...» Takeshi travaille à peu près 12 à 15 heures par jour, sans compter les deux à trois nuits blanches hebdomadaires. Il voit très peu ses enfants ou seulement le week-end. Son épouse, elle, s'occupe de tout à la maison.
Soixante heures par semaine. D'après une étude du ministère des Affaires intérieures et des Postes et Télécommunications, 21,4 % des employés masculins, soit 6,6 millions d'actifs, cumulent quatre-vingts heures supplémentaires (zangyo) chaque mois. Soit soixante heures de travail par semaine. Une situation dure à encaisser à l'heure des restructurations et d'une lente et graduelle hausse du chômage. A 5,5 %, il se maintient pour le vingtième mois au-dessus de 5 %. Un record depuis 1953. A Tokyo, la situatio