Le 20 février 1996, un membre du Béthel, communauté religieuse des Témoins de Jéhovah, se sectionne deux doigts sur une machine. L'administration, qui avait fait preuve jusque-là d'une étonnante cécité, se réveille alors. Un inspecteur du travail se rend sur place, et «découvre» une PME, dont l'existence semblait lui avoir échappé. «Au cours de ses investigations, l'inspecteur du travail a constaté l'existence d'un atelier d'imprimerie (...), d'une buanderie industrielle, d'un atelier de confection,d'un atelier de travail du bois, d'ateliers d'entretien de matériel, d'un atelier de cordonnerie, d'un salon de coiffure et d'un atelier de métallerie-serrurerie...», décrit la cour d'appel de Rouen saisie dans cette affaire. S'ajoutent «les entrepôts de stockage et de distribution des documents religieux édités (28 millions de brochures par an, ndlr), les chaînes de préparation des expéditions, les services de la logistique transport assurant la livraison...»
Trois cents personnes, dont une dizaine de chauffeurs, y sont «employées».
L'ensemble fonctionne en toute illégalité. Lors de sa visite, l'inspecteur relève une impressionnante série d'infractions au code pénal et au code du travail. Absence de contrats de travail, défaut de visite médicale du personnel, non-conformité du matériel dont la machine sur laquelle travaillait le blessé.
Pour sa défense, Michel Blaser, le président de l'association, argue que le Béthel n'est pas une entreprise mais une communauté religieuse. A ce t