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Résurrection

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Air Lib ou Metaleurop, les liquidations judiciaires sonnent souvent le glas de l'entreprise. Exception à Soissons, où AR Carton fait à nouveau tourner ses rotatives. Récit de 300 jours de mobilisation.
publié le 7 avril 2003 à 22h40

Soissons envoyée spéciale

C'est une histoire qui aurait dû se finir comme tant d'autres. Une imprimerie, en liquidation judi ciaire, puis en cessation de paiements, dépouillée lors d'une vente aux enchères. Des salariés licenciés, sans espoir de reprendre le travail qu'ils ont exercé, parfois pendant plus de trente ans. Et sans espoir non plus de retrouver un jour un emploi, vu leur âge et leurs qualifications. Pourtant, à Soissons, chez AR Carton, rien ne s'est passé comme prévu. Vendredi 28 mars, après 300 jours d'occupation continue de leur usine, une quarantaine d'anciens salariés ont repris le travail. Comme avant, quand l'imprimerie imprimait tous les jours des emballages carton de lessive, de packs de bière ou de boîtes de croquettes pour chat. A Soissons, la combativité de la CGT, qui a su impliquer les collectivités locales, combinée à une tradition forte de lutte sociale ont favorisé une première reprise d'entreprise, dans une ville qui a vu disparaître en une année près de 700 emplois.

Tout commence le 30 octobre 2001. Le groupe suédois AR Carton, propriétaire de l'usine de Soissons, fait savoir à ses 197 salariés, par un fax laconique, que la maison mère arrête son soutien financier. En novembre, l'entreprise, qui ne gagne plus d'argent depuis longtemps, dépose son bilan. Les salariés décident de se battre, emmenés par les deux représentants CGT de l'entreprise, Alain Beaudon et Jean-Yves Kerhervé. En quelques heures, après plusieurs assemblées générales, ils mette