Wesserling (Haut-Rhin)
envoyée spéciale
L'entrepôt à la toiture neuve a brûlé en moins de quinze minutes. Maintenant, une cinquantaine de personnes goguenardes d'anciens salariés de la CDT (Compagnie de développement textile) de Wesserling, ultime vestige du groupe textile Boussac en liquidation judiciaire depuis le 5 mars regardent les pompiers s'affairer autour des débris de mobilier de bureau, extincteurs sinistrés, frigos hors d'usage. Soupirs convenus : «Ce n'est pas une solution, de faire brûler l'usine», admet un quinquagénaire, en haussant les épaules. Mais il ajoute, désignant le brasier : «Les gens n'ont plus rien à perdre. C'est juste un avertissement.» Une femme demande à ses copains : «Ils sont bien là, France 3 ?»
Glacial. Deux heures plus tôt, ce mardi, une délégation a été reçue à la sous-préfecture de Thann (Haut-Rhin). L'entretien, glacial, a duré moins d'un quart d'heure. Les ex-Boussac étaient venus réclamer aux pouvoirs publics 1 000Êeuros par année d'ancienneté, en plus des indemnités légales de licenciement, pour une entreprise où, selon la CFTC, le syndicat majoritaire, les salariés affichent en moyenne 30 ans d'ancienneté et 48 ans de moyenne d'âge : «Les salariés de Metaleurop ont obtenu 15 000 euros, il n'y a pas de raison», ont-ils martelé face au représentant de l'Etat. «Voir à la télé les Metaleurop avoir 15 000 euros, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», confirme Gérard, devant le hangar en feu. «D'accord, ils sont plus nombreux