C'est entendu Meaux n'est pas Koweït City. On y roule rarement en Cadillac climatisée. Les pétrodollars n'y ont jamais coulé à flot. La petite ville de Seine-et-Marne n'apparaît sur aucun atlas pétrolier. Et elle se moque bien de savoir que toutes les sommités mondiales de l'or noir ne parlent en ce moment que de la situation irakienne et du devenir des champs de pétrole de Bassora, au sud du pays, et de Kirkouk, au nord. Pourtant, les quelques puits en bordure de la ville n'ont jamais pompé aussi vigoureusement. Ici comme dans tout le Bassin parisien, le Sud-Ouest ou l'Alsace, la France du pétrole est en pleine surchauffe. Hausse des cours du baril oblige, le pétrole hexagonal retrouve tout à coup une «nouvelle jeunesse» selon les mots de Philippe Nahmias, le patron de Petrorep, une petite compagnie de 40 personnes qui exploite plusieurs puits, notamment dans le bassin parisien.
Mastodontes et PME. Il y a trois semaines, avec un prix du baril qui flambait au-dessus des trente dollars, la profession nageait en pleine euphorie. La toute récente stabilisation des cours autour de 25 dollars a ramené tout le monde sur terre. Mais le moral reste excellent. Tellement bon que certains refusent de s'appesantir sur le sujet. «On gagne mieux notre vie c'est clair. Mais on a aucune envie d'en parler», raccroche le patron de Geopetrol un autre petit du secteur. Une drôle de profession en fait où se côtoient des mastodontes, comme Total ou Esso, et des PME d'une cinquantaine de personnes.