Six milliards de dollars... La plainte réclamant cette somme en réparations, déposée le 4 avril contre Anglo American par un groupe de victimes de l'apartheid, a fait chuter le même jour de 3,4 % l'action du géant minier sud-africain à la Bourse de Londres. Les plaignants reprochent à la compagnie d'avoir collaboré avec le régime de l'apartheid et d'avoir bénéficié de ce système en exploitant la main-d'oeuvre noire. Le procès, intenté par le célèbre avocat américain Ed Fagan, est pris au sérieux par l'entreprise: l'homme a déjà obtenu 1,25 milliard de dollars de banques suisses et de sociétés allemandes au nom des victimes juives de l'Holocauste.
Débat national. D'ores et déjà, l'avocat avait déposé le 9 août 2002 une première plainte au nom des victimes de l'apartheid contre une longue liste de sociétés étrangères également accusées d'avoir collaboré avec l'apartheid malgré les sanctions économiques internationales qui ont frappé l'Afrique du Sud entre 1985 et 1993. Parmi les groupes poursuivis figurent IBM, General Motors, Exxon Mobil, J.P. Morgan Chase, Citigroup, Caltex, Ford, et des grandes banques suisses et allemandes.
La date de la nouvelle plainte contre Anglo American a été choisie avec soin, alors qu'un débat national s'amorce sur le partage des responsabilités dans les réparations. En 1998, la Commission vérité et réconciliation (TRC), chargée entre autres d'organiser le versement des réparations, avait promis 3 milliards de rands (360 millions d'euros) à quelque 2