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Libération

Frénésie psy

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Gérer son stress, maîtriser ses émotions, améliorer ses performances... Formations à l'appui, ces nouveaux concepts font fureur en entreprise. Récit d'un stage d'«intelligence émotionnelle», à Paris.
publié le 14 avril 2003 à 22h48
(mis à jour le 14 avril 2003 à 22h48)

Un mercredi matin, dans une salle de réunion comme Paris en compte des centaines ­ murs blancs, moulures, sièges grisâtres. Un homme brun, la cinquantaine, s'agite tout sourires entre deux paperboards. «Ici, on a le droit de rire. Il faut profiter de la vie. Y en a marre de souffrir.» Autour de lui, quelques regards inquiets. Stéphanie, Françoise, Sophie et Lionel sont les quatre participants d'une formation de trois jours, financée par leur employeur. Intitulé : «Bien utiliser son intelligence émotionnelle en situation professionnelle». Lucrative trouvaille, «l'intelligence émotionnelle» a été inventée par Daniel Goleman, psy-gourou américain qui soutient que notre réussite professionnelle ne dépend pas de notre QI, mais de notre capacité à bien gérer nos émotions. C'est le dernier cri en matière de formations au «développement personnel», secteur en plein boom. Ici, chez Demos, spécialiste de la formation professionnelle, les stages du type «Comment s'inscrire dans une dynamique de réussite ?» ou «Gestion du stress» ont connu une croissance d'effectifs de 25 % en 2002. Chez le principal concurrent, Cegos, c'est la même ruée : le développement personnel représente 9 % du chiffre d'affaires, et le nombre de stagiaires augmente de 20 % chaque année. Un vrai «phénomène de société». Il fallait tester.

Jour I. Chacun a inscrit son nom sur un petit chevalet en papier, comme aux premiers jours d'école. Gilbert Delabre, notre formateur au sourire inaltérable poursui