Rennes correspondance
Dépôts de bilan, licenciements, chômage partiel, la filière du granit français en général, et breton en particulier, est en train de s'enfoncer dans une crise sans précédent. «On a déjà un pied dans la tombe», grimace un spécialiste devant un ouvrier d'une entreprise de monuments funéraires de Lanhélin (Ille-et-Vilaine), polissant à la main une pierre tombale. Principale cause du malaise : le déferlement sur le marché de produits fabriqués en Chine et revendus de 30 à 50 % moins cher. Le made in China s'impose partout : qu'il s'agisse de pavés ou d'autres dalles destinés à la voirie ou de monuments funéraires.
Dans une région où le granit fait figure d'emblème et où l'on a enregistré en quelques mois environ 150 pertes d'emploi dans un secteur qui en compte 1 600 (sur un total national de 8 600), le traumatisme est perceptible. Une manifestation en février à Rennes, puis une opération de sensibilisation auprès des élus début avril à Lanhélin ont tenté d'attirer l'attention. Sans grands effets pour l'instant.
Lester. Mondialisation des échanges oblige, la Chine est devenue en quelques années le premier producteur de granit mondial. Aujourd'hui, elle concurrence sur ce secteur même d'autres pays à faibles coûts de main-d'oeuvre, comme l'Inde ou le Brésil. «Dans la région de Xiamen, au nord-est de Hongkong, il y a des centaines de carrières et des milliers d'ateliers, qui emploieraient environ 1 million de salariés, indique Claude Gargi, directeur de la revue