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Libération

Des agriculteurs à l'école des marchés financiers

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Inquiets de la baisse des aides de Bruxelles, ils s'initient à la Bourse.
publié le 15 avril 2003 à 22h49

Auxerre envoyé spécial

«Vous savez ce que vous faites quand vous ensemencez des céréales ? Vous spéculez à la hausse...» Renaud de Kerpoisson n'a pas peur de prendre le contre-pied des croyances les mieux établies. La quarantaine grisonnante, l'homme est président d'Offre et demande agricole (ODA), une entreprise de «management et maîtrise des risques commerciaux agricoles». Ce jour-là, il était à Auxerre pour former des agriculteurs aux techniques des marchés à terme des céréales. Devant lui, une demi-douzaine de céréaliers qui l'écoutent très attentivement. Jeunes ou anciens agriculteurs, ils ont l'air un peu surpris d'apprendre qu'ensemencer du blé, du soja, du colza ou du maïs est un geste équivalent à celui d'acheter une action à la Bourse: il s'agit en effet de prendre un risque, et de spéculer sur le résultat.

Tableaux de chiffres. Mais ces cultivateurs sont convaincus ­ au point d'avoir mis de leur poche 450 euros pour trois jours de formation ­ que de cet apprentissage des marchés financiers agricoles dépendra leur capacité à gagner de l'argent. Et donc leur survie professionnelle alors que Bruxelles cesse peu à peu de subventionner l'agriculture. Exemple avec John, 26 ans, qui fait du blé et de l'élevage. Il est venu à cette formation parce qu'il «veut avoir des tarifs» : «On sème, on investit et on ne sait pas à combien on sera payé. C'est dur alors qu'on a subi deux crises bovines et une crise des céréales.» Les coopératives, comme 110 Bourgogne, rachètent la produ