Saint-Marcel, envoyé spécial.
Le jour de l'entrée en guerre de la coalition anglo-américaine en Irak, le directeur de l'usine Framatome de Saint-Marcel (Saône-et-Loire), plantée en bordure de la Saône, a fait hisser l'Union Jack britannique et la bannière étoilée des Etats-Unis. Moins par conviction politique que par souci commercial. Ce jour-là, des clients anglais et américains visitent l'usine. En ces temps de tension diplomatique et de menaces de boycott français, les bannières flottent.
C'est comme cela depuis plus d'un an. Une sorte d'hommage. Car les 500 salariés de cette usine spécialisée dans la fabrication d'énormes éléments de centrales nucléaires doivent leur salut aux Etats-Unis. Donné quasiment pour mort, le site de Saint Marcel vit, depuis plusieurs mois, une sorte de résurrection industrielle.
L'histoire commence à la fin de l'année 2000. Les jours de l'usine de Saint-Marcel sont alors comptés. Le marché du nucléaire est moribond. Client historique et quasi exclusif de l'usine, EDF n'a pratiquement plus rien à commander. Son parc de centrales nucléaires est terminé depuis la fin des années 90. Et ses stocks de pièce de rechanges débordent. Le plan de charge de Saint-Marcel crie la faim. «L'avenir de l'usine était alors en question», se souvient Philippe Knoche, le directeur de la stratégie d'Areva, la holding qui regroupe Framatome (le fabricant de centrale) et la Cogema (en charge du retraitement du combustible).
Berceau du nucléaire français, la région sent pas