Au huitième étage de M6, celui de la direction, son bureau était un peu excentré. Un bureau spacieux, plus grand que celui du vrai patron de la chaîne, Nicolas de Tavernost, mais à l'écart comme l'était son occupant, Jean Drucker, qui est mort vendredi matin à 61 ans d'une crise cardiaque, à la suite d'une très forte crise d'asthme. Il présidait le conseil de surveillance de M6 mais n'en avait plus la direction opérationnelle depuis 2000, assurant tout de même les orientations stratégiques de la chaîne qu'il a créée il y a seize ans.

Musique. Le 1er mars 1987, on le voit à l'antenne de celle qui aurait dû s'appeler RTL 6 afin de marquer son appartenance à la CLT (Compagnie luxembourgeoise de télévision) et bénéficier de la notoriété de la station de radio. Mais les sages de la CNCL ­ l'ancêtre du CSA ­ refusent la référence luxembourgeoise. Va donc pour M6 où «il y aura beaucoup de musique pour les jeunes», affirme Jean Drucker, ce jour-là, face caméra. Il y a aujourd'hui un peu moins de musique, mais les jeunes ­ et les autres ­ sont de plus en plus nombreux à regarder l'ex-«petite chaîne qui monte» : 13,2 % de parts d'audience, en 2002.

Autorisée à la condition qu'elle consacre 40 % de son temps à la musique, M6 est désormais une chaîne généraliste à part entière, capable de tailler des croupières à TF1. Drucker est l'artisan du développement de la chaîne en un véritable groupe présent dans la télévision payante (33 % du bouquet TPS et des chaînes comme Fun TV ou Teva), dans